Athlètes d’endurance, quelles limites ?

 

Phénomène très répandu, l’effondrement du l’athlète d’endurance est tant redouté, aussi bien avant, qu’après avoir franchi la ligne d’arrivée. Il est possible d’observer divers symptômes tels que des étourdissements, des vomissements, une paralysie des membres inférieurs (« le mur »), des vomissements, des diarrhées voir dans les cas plus grave le coma ou l’arrêt cardiaque.

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Pourquoi observe-t-on ce phénomène ?

Alors que cet effondrement n’est pas très dangereux après la ligne d’arrivée, il peut être inquiétant avant celle-ci. Plusieurs notions sont à distinguer. Tout d’abord, il ne faut pas confondre un effondrement provoqué par l’effort intense d’un effondrement relevant d’un problème de santé sous-jacent. Il est dans tous les cas primordial de se faire suivre par une équipe médicale avant d’entreprendre une compétition sportive physiquement à risque. Un effondrement causé par la rigueur de l’activité sportive peut être évité dans une majorité des cas grâce à une préparation et planification préalable de l’entraînement, de l’équipement et de la nutrition sportive.

 

En analysant les différents processus en cause dans l’effondrement du sportif, on peut s’apercevoir qu’une nutrition adaptée au type d’effort sera bénéfique dans l’optimisation des compétences du sportif et des conditions de réalisation de l’effort.

Quels phénomènes sont à l’origine de l’effondrement ?

  • L’hypoglycémie :

La glycémie est définie comme le taux de sucre sanguin. Sa valeur de référence est de 1g/L de sang. Des variations de ce seuil traduisent des états d’hypo ou d’hyperglycémies. Cette notion est importante chez le sportif car un état d’hypoglycémie peut survenir lorsque les stocks en glycogène (glucose stocké dans les muscles et le foie) n’ont pas été suffisamment créés et/ou que l’apport glucidique pendant l’effort n’a pas été adapté. Une quantité trop faible de réserves glycogéniques ou d’apports extrinsèques en glucides insuffisants peuvent engendrer un état d’hypoglycémie. L’hypoglycémie se manifeste par des tremblements, de l’anxiété, des palpitations médiées par la système nerveux sympathique…

A noter qu’une baisse de la glycémie peut générer un grand stress psychique pour le sportif. Le glucose étant la principale source d’énergie du cerveau, toute baisse de celui-ci peut se traduire par un sentiment d’abandon et être à l’origine de difficultés de gestion mentale de l’effort.

La gestion de la nutrition passera par une adaptation des apports nutritionnels en amont et pendant la pratique sportive dans le but de préserver l’intégrité des réserves glycogéniques hépatiques et musculaires.

  • L’hypotension :

L’hypotension est définie par une diminution de la tension artérielle. Celle-ci peut engendrer des étourdissements, une sensation de faiblesse, des troubles de la vision, des nausées ou encore des vomissements. Il existe plusieurs causes provoquant cette hypotension. Elle peut être due à une stase sanguine aux membres inférieurs par dilatation des vaisseaux et diminution de la force de pompage sanguin suite à l’intensité de l’effort. L’hypotension peut également être engendrée par un état de déshydratation.

La déshydratation provoque une baisse du volume sanguin ce qui tend à diminuer la pression artérielle. Une bonne gestion de l’hydratation les jours précédents et lors de l’effort diminuent le risque de déshydratation donc d’hypotension secondaire.

 

  • Les changements de métabolisme

Le changement de métabolisme s’apparente à une modification de l’utilisation des sources énergétiques exploitables à l’effort. Un effort d’endurance s’apparentera à une utilisation plus importante des lipides grâce à un métabolisme de type aérobie (utilisant l’oxygène). Sur un effort de type anaérobie (non disponibilité du dioxygène) le principal substrat énergétique utilisé sera le glucose. C’est le cas lors de phases d’accélération où le sportif dépasse sa VMA (Vitesse Maximale Aérobie). Cette variation de rythme oblige l’organisme à un changement de source énergétique. Ce changement prend du temps. Il conduit à  une accumulation d’acides et à un ralentissement physique.

L’organisme peut également être dépassé dans la gestion de la dégradation de l’acide lactique produit à partir du glucose dans un contexte anaérobie. Les efforts de type d’endurance sont aussi concernés. Lorsque l’organisme est soumis à un effort de plusieurs heures, les fibres musculaires de type IIa (fibres intermédiaires glycolytiques) sont recrutées en plus des fibres de type I (fibres lentes lipolytiques) par fatigue de ces dernières. A savoir qu’une accumulation d’acides peut altérer la contraction musculaire et engendrer des crampes à l’effort ou générer des tremblements.

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  • Le coup de chaleur

Le coup de chaleur correspond à l’incapacité de l’organisme à gérer la température corporelle. Il est fréquent d’observer une baisse de la sudation en cas de coup de chaleur. Or la transpiration est un mécanisme d’évacuation de la chaleur par transfert thermique (phénomène de vaporisation) lorsque la sueur s’évapore à la surface de la peau.

L’excès de graisse corporelle augmente le risque d’être victime d’un coup de chaleur. Cet excédant représente une masse supérieure accentuant la production de chaleur pendant l’effort. Ceci impose une sollicitation plus importante des mécanismes de gestion de la température corporelle. La gestion de la masse musculaire est également importante. La masse volumique du muscle (rapport entre la masse et le volume) est plus importante que celle de la graisse corporelle (1,7 kg/L vs 0,92 kg/L). Autrement dit, pour un même volume, la masse représentée par le muscle sera plus lourde que celle représentée par la masse grasse. Ainsi un sportif ayant une masse musculaire plus importante produira plus de chaleur sans pour autant avoir la possibilité de l’évacuer (la surface du corps n’est pas forcément augmentée car le muscle occupe un espace inférieur à la graisse pour une même masse) .

Ceci va de pair avec une combinaison de facteurs tels que l’équipement du sportif. Certains vêtements non adaptés retiennent la chaleur et limitent par ce fait l’évaporation de la sueur. Ceci freine la capacité de l’organisme à réguler sa température interne. Rappelons qu’une température interne trop importante ne permet pas une bonne réalisation des processus biochimiques liés au métabolisme. Le sportif voit ses capacités physiques diminuer.

La nutrition intervient ici dans la gestion du poids corporel ainsi que des compartiments tissulaires le composant (composition en tissu musculaire, graisseux…).

  • L’hyponatrémie

L’hyponatrémie est représentative d’une baisse de sodium dans le plasma sanguin. En tant qu’électrolyte (Na+), le sodium intervient dans un système de pompe sodium/ potassium dépendant. Ce système est à l’origine de la transmission de l’influx nerveux à l’origine de la contraction musculaire. Le sodium influence également le volume d’eau dans notre corps grâce à un effet d’osmolarité. Les molécules d’eau suivent le cheminement du sodium. Le sodium est donc à l’origine de l’équilibre hydrique de l’organisme . Cet équilibre peut être perturbé par l’absence d’apport de sodium durant l’effort (le sodium est perdu en quantité via la sueur). L’équilibre hydrique peut être également perturbé par dilution. C’est le cas lorsqu’un sportif s’hydrate de manière trop importante par une simple eau plate.

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La gestion nutritionnelle passe ici par un accompagnement hydrique en amont de l’effort et pendant celui-ci grâce à la constitution d’une boisson d’effort.

  • L’hypokaliémie

Le potassium est un électrolyte (K+) tout comme le sodium. Celui-ci est contenu de façon plus importante à l’intérieur de la cellule. Il permet une régulation de l’entrée de sodium à l’intérieur de la cellule et donc des mouvements d’eau l’accompagnant. Secondairement il induit une régulation du taux hydrique du plasma sanguin. Une hypokaliémie peut être à l’origine de trouble de la tension et d’un arrêt de l’effort. Il joue également un rôle dans la reconstitution des stocks en glycogène.

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Conclusion :

La gestion de la nutrition en péri effort (avant, pendant, après) prévient le risque d’effondrement de l’athlète d’endurance. Cet effondrement peut avoir comme principales origines : l’hypoglycémie, l’hyponatrémie, l’hypokaliémie, l’hypotension artérielle, le coup de chaleur ou encore les changements de métabolisme. La nutrition constitue une part entière de la préparation du sportif. Elle permet d’en optimiser la préparation multidisciplinaire qui accompagne le sportif (préparation physique, mentale, accompagnement des kinés, ostéopathes, médecins du sport…).

 

Julie Huart 🌱🏆

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